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Soft Cocoon
21 décembre 2013

La culpabilité

2013-10-11 22

Lors de l'échographie du deuxième trimestre, l'échographiste avait décelé que Princesse avait un poids foetal estimé au 20 ème percentile. Ce qui veut dire, selon les statistiques, que sur 100 foetus, 79 étaient plus gros qu'elle, 19 plus petits. Pas d'inquiétude particulière, mais à contrôler tout de même pour être sûrs qu'elle pousse bien.

Un mois après, nous avons donc fait une échographie de contrôle. Et là patatra: elle n'est qu'au 5 ème percentile. Ca reste dans la normale, les échanges entre moi et bébé, visibles en "Dopplers", sont parfaits, elle bouge bien, le liquide amniotique est d'abondance normale, mais quand même, l'échographiste m'annonce que je vais devoir envisager de m'arrêter de travailler. Je lui fais une entière confiance car je suis secrétaire médicale et travaille pour elle. Donc si elle dit à sa secrétaire qu'elle doit s'arrêter, alors que nous sommes en déficit chronique de personnel (comme dans à peu près tous les cabinets de radiologie), c'est que c'est pas des bêtises, il faut vraiment que je m'arrête. 

Princesse n'étant pas très photogénique, nous sortons nous balader avec le futur papa afin que les dernières images puissent être prises convenablement pour donner les mesures les plus fiables possibles. Je ne me sens pas bien du tout. J'ai l'impression d'avoir échoué dans cette mission qui était mienne, préserver la santé de notre enfant. De, contrairement à ce que je pensais, ne pas m'être assez alimentée, n'avoir pas su freiné au travail. Bref, je ne suis pas à la hauteur, et à cause de moi, notre fille va mal. Futur papa est merveilleux. Il me rassure, me redit les mots que l'échographiste a prononcé: Princesse est petite, mais Princesse n'est pas anormale. Tout fonctionne merveilleusement chez elle. Il faut juste que je me repose pour la faire grossir, mais elle est en parfaite santé. Ce n'est pas de ma faute. J'essaie de m'en convaincre.

Nous retournons poursuivre l'échographie, qui confirme les premières données. L'échographiste contacte mon gynécologue pour qu'il puisse me prendre en charge et m'arrêter. Ce dernier préfère m'envoyer aux urgences de la maternité afin de pousser un peu plus les examens. L'examen a duré en tout trois bons quarts d'heure. 

Nous partons avec l'échographie sous le bras, j'ai l'impression d'être sur une autre planète. Je n'ai jamais aimé m'imposer dans les transports en mettant mon ventre en avant (ventre qui d'ailleurs, n'est pas spécialement proéminent sous mon manteau), et ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer. Chéri s'en charge donc pour moi. Il m'interdit ne serait-ce que de descendre des escaliers, ce sera ascenseurs autant que possible. Je me sens diminuée, ce n'est pas facile à accepter. 

Arrivés aux urgences de la maternité, j'explique mon cas à l'aide-soignante présente. J'ai l'impression de déranger plus qu'autre chose, pourtant il est plus de 20h et les couloirs sont vides. Elle n'a pas l'air de comprendre de quoi je veux parler quand je parle "d'examens complémentaires", je lui dis qu'on m'a parlé, je crois, de monitoring (je fais semblant, comme me l'a conseillé l'échographiste, de ne pas savoir vraiment de quoi je parle, pour ne pas qu'ils aient l'impression qu'on leur dicte ce qu'il faut faire: c'est qu'il faut ménager leur susceptibilité !). On me fait faire une analyse d'urine. Je suis finalement installée dans une salle avec une autre future maman, séparées par un paravent. On me prend la tension et on m'installe un monito sur le ventre. J'entend le coeur de Princesse, je vois mon ventre qui gigote dans tous les sens: je suis tout de même rassurée de voir que son petit poids n'a pas l'air de l'affecter. Au bout d'une heure et demi, j'ai la tête comme une pastèque. L'interne de garde vient enfin me voir. Elle ne voit pas de raison de s'inquiéter, les résultats sont très bons et, selon elle, les mesures ont été sous-estimées. Elle me le prouve en refaisant une petite échographie qui montre des mesures bien moins alarmantes. Mon dossier va tout de même passer le lendemain devant un staff pour décider d'une éventuelle échographie de contrôle. Lorsque je lui parle du fait que l'échographiste pensait qu'il faudrait m'arrêter, elle semble très surprise, et affirme que le repos n'a jamais aidé à faire grossir un foetus. Nous sommes sceptiques, bien que rassurés des résultats des analyses complémentaires, et repartons à la maison. 

Le lendemain, je retourne donc travailler, encore plus fatiguée que la veille. Nous avons quitté les urgences vers 23h30, le réveil a été difficile. J'informe l'échographiste des conclusions de l'interne et lui montre la photo du périmètre abdominal que j'ai prise sur l'écran de l'échographe avant de quitter la salle. Comme je m'y attendais, la photo n'est pas franchement au top: pour qu'une mesure de périmètre abdominal soit correcte, il faut qu'apparaissent plusieurs repères, qui ne sont pas tous présents ici. Qu'importe, elle me rassure en me disant qu'elle n'est pas du tout inquiète pour moi, qu'il faudra juste que je me repose bien quand je suis chez moi, et que je ne coure pas partout au travail. Tout le monde est aux petits soins avec moi. A peine ai-je le droit ne me lever de ma chaise. Je trouve ça adorable, mais très frustrant et diminuant. 

Deux jours après, la maternité me rappelle pour me donner les conclusions du staff : aucune inquiétude à avoir, ils me voient le 24 décembre pour une échographie de contrôle. Soit dans un mois et une semaine. Soit 5 jours après l'échographie du troisième trimestre. Lorsque je soulève ce dernier point, on me dit de conserver les deux échographies.

En fin de semaine, je retourne voir mon gynécologue pour la visite mensuelle. Il prend sans hésiter la décision de m'arrêter: "petit foetus = repos !".

2013-12-23 12

Je commence donc à me reposer tranquillement à la maison. Je lis, je dors, je mange, je sors prendre l'air une trentaine de minutes chaque jour. Une échographie de contrôle m'avait été conseillée par l'échographiste à deux semaines, confirmée par mon gynécologue. Je la fais donc. La veille, je n'ai quasiment pas dormi, très stressée par les résultats. A tort, puisque même si Princesse reste au 5 ème percentile, sa croissance est régulière. Je suis soulagée et commence enfin à arrêter de culpabiliser ! 

Encore deux semaines plus tard, nous voici à l'échographie du troisième trimestre. Une franche réussite, un beau bébé qui s'annonce, restant avec de petites mesures, surtout au niveau de l'abdomen comme depuis le début, mais en pleine forme...

Après l'échographie que j'effectuerai mardi, j'espère en avoir terminé. Je n'ai pas aimé tous ces contrôles à répétition. Surtout que Princesse n'a pas été coopérative du tout, sauf à une échographie. De ce fait, chaque examen a duré plus de temps qu'il n'en faut, l'échographiste a dû me faire me tourner dans tous les sens et appuyer un peu fort sur mon ventre pour voir tout en détail. Je sais qu'elle ne lui a pas fait de mal, mais après chaque examen, pendant quelques jours j'ai beaucoup moins senti bouger ma fille, et c'est une sensation désagréable lorsqu'on a pris l'habitude (et le plaisir) de sentir ce petit bout vivre en soi
.

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